Étant moi-même au chômage partiel, ma compagne au chômage et mon fils aîné
au chômage (pardon « en recherche d’emploi »...), je me permets de
réagir à la véritable insulte proféré le 2 septembre dernier à l’égard des
chômeurs par le ministre du travail.
La provocation d’un ministre soi-disant de gauche
Source : dépêche AFP du 2 septembre 2014
Le ministre du Travail, François Rebsamen, a demandé mardi à Pôle Emploi de
« renforcer les contrôles » pour vérifier que les chômeurs « cherchent bien un
emploi », estimant qu’une « sanction » est nécessaire dans le cas contraire.
Interrogé sur i-Télé sur la difficulté de pourvoir à certains postes, évalués à
350 000, et sur la possibilité de changer les règles d’indemnisation du
chômage, François Rebsamen a rappelé qu’être « chômeur au sens du bureau
international du travail », c’est rechercher un emploi.
« C’est négatif pour ceux qui recherchent des emplois d’être à côté de
personnes qui ne cherchent pas d’emploi, donc je demande à Pôle Emploi de
renforcer les contrôles », a-t-il dit. Cette mission, à la portée de Pôle
Emploi, selon le ministre, nécessite un « état d’esprit différent, des
convocations et des vérifications (...) Sinon on est radié ».
« Il n’est pas possible, dans un pays qui est en difficulté, qui veut se
redresser, qui porte le travail, d’avoir des gens qui » ne cherchent pas
d’emploi, a-t-il ajouté, précisant qu’il y en avait mais que ce n’était « pas
la majorité ».
Les vrais chiffres du chômage en juillet 2014
Sources : Rapport complet de la DARES (Direction de
l'animation de la recherche, des études et des statistiques) et non pas le
simple communiqué de presse envoyé aux médias
Demandeurs d'emploi par catégories :
• A : 3 424 400 (+ 4,3 % sur 1 an) : sans aucun emploi.
• B : 665 100 (+ 3,3 % sur 1 an) : travailleurs pauvres moins de 78
heures
• C : 994 300 (+ 8,4 % sur 1 an) : travailleurs pauvres de + de 78
heures
• D : 268 500 (+ 2,1 % sur 1 an) : stages parking, occupationnels, etc.
• E : 395 000 (+ 11,5 % sur 1 an) : contrats aidés, etc.
TOTAL : 5 747 300 (données corrigées), hors DOM-TOM, soit + 5,7 % sur 1 an,
27 900 chômeurs de plus par rapport à juin.
TOTAL DOM-TOM compris : 6 080 020
Deux précisions :
• plus d'1 chômeur inscrit à Pôle Emploi sur 2 (52,2 %) ne perçoit AUCUNE INDEMNITÉ, ni ARE (allocation retour à l'emploi), ni allocation de solidarité
(ASS, AER ...)
• offres d'emploi disponibles, dernier chiffre connu : 208 335.
Ne sont pas comptés dans ces 6 080 020 demandeurs d'emploi et travailleurs
pauvres occasionnels :
• 1 377 900 foyers bénéficiaires du RSA, en effet sur 2 300 000
environ de foyers (dernier chiffre connu), seuls 922 100 sont inscrits à Pôle Emploi,
les autres bénéficient d'autres suivis (associations, collectivités locales,
etc.) en sachant qu'un foyer bénéficiaire, comporte parfois + d'un demandeur
d'emploi en son sein
• 1 000 000 au bas mot, sur les environs 2 millions de bénéficiaires de l'AAH
ou d'une pension d'invalidité, ne sont pas inscrits à Pôle emploi, malgré une
aptitude et un désir d’accès à emploi adapté.
• les jeunes de moins de 25 ans, primo demandeurs d'emploi, qui comme vous
le savez n'ont même pas droit au RSA (quasi unique en Europe)
• les bénéficiaires de pensions de reversions (veufs, veuves) de 55 ans et
+, qui dépassent les plafonds du RSA, et qui n'ont pas encore l'âge pour
prendre la retraite ou encore percevoir le minimum vieillesse ASPA (67 ans),
ASPA récupérable sur le patrimoine, au décès.
• les bénéficiaires de pensions alimentaires qui dépassent les plafonds du
RSA (plafonds 2 fois inférieurs aux seuils de pauvreté, une véritable honte).
• les retraités qui cherchent un emploi car leur retraite ne couvre pas les
charges fixes pour survivre.
Radiations des listes A,B,C,(D,E) de Pôle Emploi par
motifs :
• défauts d'actualisation : 199 000 (43,1 % des sorties des listes).
• radiations administratives (les punis) : 49 800 (10,8 % des sorties).
• autres cas (les morts, suicidés, emprisonnés...) : 47 700 (10,3 % des
sorties).
Soit 296 500 radiés des listes (64,2 %) pour autres motifs que :
• stages parking : 43 800, 9,5 % des sorties (+ 23,7% en 1 an).
• arrêts maladie, maternité, etc. : 35 100, 7,6 % des sorties.
• reprises d'emploi déclarées : 85 800 (ne représentent que 18,6 % des
sorties des listes !)
Qui est ce M. Rebsamen ?
Source : Wikipédia
• Titulaire d'une maîtrise de droit public, d'un DESS de sciences
économiques et diplômé de sciences politiques
• a exercé les fonctions d'administrateur territorial
• a été chef de cabinet, directeur-adjoint de cabinet et conseiller
technique de cabinet de plusieurs ministres
• a été secrétaire national du Parti socialiste
• a été conseiller général, maire, député et sénateur
• En 2012, alors que le gouvernement entend faire respecter sa proposition
lors de la campagne présidentielle d'interdire le cumul des mandats, François
Rebsamen s'y oppose (on comprend pourquoi !)
• En 2007 et 2008, il est administrateur de Dexia-Crédit Local de France et
démissionne quelques jours avant la faillite de cette banque qui aura nécessité
un apport de 3 milliards d'euros de l'État (seule banque française ou en partie
française à avoir bénéficié d'un apport en capital de l'État et non pas simplement
d'un prêt ou d'une garantie). D'après L'Express, Rebsamen aurait démissionné de
son siège d'administrateur de la banque soutenue par l'argent public quand Le
Canard Enchaîné eut révélé le montant de ses jetons de présence : 20 000
euros en 2007 !
• Franc-maçon, il est membre de la loge « Solidarité et
progrès » !!! (ça ne s’invente pas !)
Conclusion
Ce monsieur a-t-il déjà été chômeur ? Sait-il ce que cela signifie de
chercher « réellement » un emploi dans un contexte où il y plus de 6 millions
de chômeurs pour seulement 350 000 emplois non pourvus et 208 000 offres
d’emploi disponibles ? Connaît-il le soutien misérable que Pole Emploi
apporte aux chômeurs, pour oser demander en plus à ses agents de pratiquer un
contrôle renforcé des chômeurs ?
Notre expérience concrète, c’est en effet qu’il y a très peu d’offres...
Quand à créer son emploi, je suis bien placé pour savoir ce que cela a
d’aléatoire et d’extrêmement difficile aujourd’hui (les personnes qui l’ont
fait autour de moi ces dernières années sont toutes dans la même situation)...
La situation réelle de l’emploi en France correspond-elle vraiment à celle
d’un « pays qui porte le travail » (qu’est-ce que ça veut
dire ???) ? Comment ce monsieur peut-il oser dans ce contexte demander
un renforcement du flicage des chômeurs inscrits ? Comment peut-il obliger
des millions de gens à pratiquer assidûment une activité pénible et souvent
humiliante qui n’a pratiquement aucune utilité ni aucun sens ? Cet homme
est-il digne d’être ministre et qui plus est « du
travail » (qu’est-ce que ça veut dire ?) ???